Dès l'aube, je prends la direction Cali. Il ne me reste plus que 80 km de plat. J'arrive dans la région "d'El Valle del Cauca" que l'on pourrait traduire par " la pleine du Cauca". La Colombie est un pays extrêmement montagneux à l'exception de ce territoire. Quand on y est, on voit de longues étendues de champs avec des montagnes au bout.

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Ces 80 km de plat pourraient être un jeu d'enfant par rapport aux étapes précédentes réalisées. Cependant je commence à ressentir l'envie de vomir et l'accumulation des km des jours précédents me compliquent la tâche. Après les 40 premiers km, je ressens de meilleurs sensations. En arrivant à Cali, j'arrive à me faufiler derrière des camionnettes et derrière certaines motos qui ne vont pas à plus de 40km/h pour prendre de l'aspiration.

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Une fois arrivé chez une de mes tantes à Cali, m'attend un un excellent repas. Ce sera le festin de trop. Après cela je commence à avoir la diarrhée, la fièvre, mal de ventre, un manque d'énergie... Cela va me maintenir au lit pendant au moins 24h sans trop pouvoir bouger, totalement bloqué et inactif. J'ai perdu 2 kg en trois jours.

Que ce soit à Bogota, à Cali ou sur mon chemin de Bogota à Cali, j'aurai vu des migrants vénézuéliens. Regroupés souvent par groupes de 3 à 5 personnes, on les retrouve entrain de marcher avec leurs bagages sur le bord de la route sans aucun autre moyen de locomotion que leurs propres jambes. Sur les routes en Colombie, il y a des péages : pour les poids lourds le péage est plus cher que pour les voitures ; les motos paient encore moins et c'est heureusement gratuit pour les vélos. J'ai vu des routes d'extrêmement bonne qualité et extrêmement roulantes plus que nulle part ailleurs en arrivant "Al Valle Del Cauca". À chaque péage j'ai pu voir les migrants Vénézuéliens attendre que passent les poids lourds pour monter dessus. Il existe ici la même dichotomie qu'en France en référence aux migrants. Il y a aussi bien ceux qui chassent les migrants en se sentant envahit, que ceux qui veulent faire acte de solidarité pour les accueillir dans les meilleures conditions possibles. Les visions du monde et les idéologies sont assez clivées de façon dichotomique, ici en Colombie. C'est comme aux États-Unis à la grande différence qu'aussi bien en Colombie et au Vénézuela, le socialisme peut être interprété et entendu dans son vrai sens du terme. Sur l'origine de la pauvreté au Venezuela les avis divergent. On trouve aussi bien ceux expliquant que la pauvreté au Venezuela provient plutôt d'un saccage du système socialiste vénézuélien par la droite capitaliste que ceux expliquant que la pauvreté provient d'une mauvaise gestion économique du pays et d'une monopolisation du pouvoir. Ce qui est sûr, c'est que par l'utilisation de la constitution, l'opposition vénézuélienne aurait pu à maintes reprises mettre en place et développer facilement un contre pouvoir. Cependant, elle n'a pas opté pour ce chemin. Ici en Colombie, les migrants se fondent dans la classe populaire d'un des pays les plus inégalitaires au monde. Dans ces pays inégalitaires, ou bien peut-être particulièrement en Colombie, on retrouve des différences culturelles entre les riches et les pauvres. Les gens des quartiers populaires prennent plus que tout le bus et le vélo comme moyen de transport. Les riches prennent quand à eux leur voiture ou le taxis. Les gens des quartiers populaires font souvent la fête dans la rue entre voisins et amis, les riches font des fêtes organisées au sein de leurs propres maisons. Les riches ont une peur extrême de l'insécurité et de la délinquance contrairement aux gens des quartiers populaires. Les riches seraient rarement prêt à rouler à vélo et prennent une peur bleue lorsque je leur raconte mon aventure en solitaire tandis que les gens des quartiers populaires m'y encouragent. Il y a aussi, il faut le dire, une certaine partie de la population qui bien que venant de l'élite, essaie d'adopter des habitudes plus humbles lui permettant de se fondre dans la majorité de la population en adoptant des manières de faire les plus variées possibles. On pourrait dire qu'ils sont des "bobos" ce qui ne doit pas être considéré comme négatif si l'on recherche une transition et une certaine homogénéisation des niveaux de vie. Je ne pense pas qu'il y ait en Colombie beaucoup de délinquance, je pense plutôt que la délinquance existante peut se manifester de manière bien plus violente.

En arrivant chez ma tante à Cali, elle fait alors tout pour me faire peur et pour que je ne continue pas mon voyage. Elle m'explique comment s'est passé son cambriolage, elle m'explique les actes de délinquance qui se déroulent dans la rue, les vols de vélo, etc, Après que la maladie m'ait cloué au lit et m'ait fait perdre plusieurs kg je reste avec les même envies de continuer. Je verrai comment m'organiser dans les prochains jours selon l'évolution de mon état de santé.