Après mon arrivée à Cali, je tomba donc très malade pendant quelques jours. J'ai du arrêter de penser au petit cheval en acier (c'est le surnom que l'on donne au vélo en Colombie). Mon allée de Cali à Medellín s'est faite en avion.

Arriver dans une ville en avion ou en vélo relève d'un sentiment totalement différent. Bien que je puisse prendre plaisir à voler, lors d'un voyage rien n'est comparable à cette sensation d'arriver à un lieu par ses propres forces où après tant d'efforts et de préparation on arrive à son propre destin. J'arrive alors à Medellín, ville mondialement connu plus que tout pour avoir été le berceau du cartel de drogue le plus puissant des années 80 et 90. Pablo Escobar en a été la référence majeur. D'un point de vue phénotypique, Medellín est probablement la ville la moins métissée de tout le pays en ayant reçu une immigration principalement espagnole. Politiquement Medellín a toujours toujours été majoritairement libéral en ayant favorisé l'élection du président Uribe fin des années 90 et début des années 2 000 ainsi que l'élection du président Ivan Duque aux dernières élections. Cette ville a aussi permis le développement du paramilitarisme par le biais de ses propres articles de lois. Les groupes paramilitaires sont des bandes armées appartenant à des entités privés et qui ont permis à l’état de commettre des exactions non conforme avec les droits de l'homme sous couvert d'anonymat. Les groupes paramilitaires ont été en quelque sorte le bras droit caché de l'état qui ont par la torture et la terreurs anéanti toute tentative de prise de pouvoir de la FARC ( force armée révolutionnaire colombienne). Nous pourrions continuer à développer une image négative de cette ville en parlant par exemple des fosses communes, des tueurs à gages du reggaeton, musique à un très fort penchant commercial. Ce serait cependant une description non exhaustive. En effet, Medellín a sûrement été la ville ayant connu la plus grande évolution depuis la fin des années 90. Ayant fait diminuer très fortement la délinquance, elle est aujourd'hui une ville attractive où on retrouve pas mal de touristes européenne où nord américain. Elle est aussi en croissance économique. Beaucoup de colombiens immigrent maintenant à Medellín, ce qui n'arrivait pas il y a une quinzaine d'années. C'est la ville où les moyens de transport sont les plus développés. Elle comporte le seul réseau de transport de métro du pays ainsi qu'un téléphérique qui désengorge les bidon-ville en permettant aux gens des quartiers populaires d'en sortir et de circuler dans le reste de la ville.

Mon court séjour de deux jours (samedi et dimanche) à Medellín me redonna des forces. Je fus accueilli chez mon neveu, sa femme et ses enfants qui sont de grands mangeurs. Je remonta lundi 6 mai sur mon vélo direction Bogotá avec la profonde certitude que je n'allais pas retomber malade. J'avais alors un reste de gueule de bois d'une fête réalisée le samedi soir. En plus de cela je n'avais pas fais de sport pendant une semaine. Pour éviter les tunnels à la sortie de Medellín, je pris une route alternative. Je pris alors un petit chemin qui m'a fait pénétré dans une des communes se trouvant à la périphérie de Medellín. En m'engageant dans ce chemin, je me rendis compte que je m'introduisais dans un quartier avec un haut potentiel de dangerosité. Toutes les conditions étaient alors réunis pour que prennent fin mon voyage. Premièrement, j'étais sur une route très inclinée avec une pente d'au moins 7 ou 8% de dénivelé. Je ne pouvais donc pas aller vite. Ensuite la route était en très mauvais état. Si je crevais à cette endroit là mon voyage pourrais prendre fin.

(Photo piquée d'internet). Je suis passé en vélo dans le quartier par lequel passe ce téléphérique. Ce dernier sert à désengorger ce quartier populaire. A mon passage, il y avait une queue d'une bonne vingtaine de mettre pour prendre le téléphérique.

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Je décidai donc de faire demi tour en optant pour le tunnel à travers la route principale, ce qui était beaucoup moins imprudent. Cette petite mésaventure me fit perdre une heure de route ce lundi matin. En Colombie, les routes joignant les principales villes du pays sont toujours très roulantes et très bien entretenus. Les autres routes peuvent être parfois dans un état très délicat. En vélo de route il est donc conseillé de suivre les routes principales. Pour sortir de Medellín direction Bogotá, il faut emprunter une longue montée d'une dizaine de kilomètres, il y a ensuite plusieurs km de plat pour ensuite aborder une route descendante de plusieurs dizaines de kilomètres. Aux altitudes les plus basses j'ai aperçu 38°c à mon compteur de vélo. Mon trajet Bogotá - Cali et mon cours séjour à Cali m'a cependant habitué à cette chaleur. Des températures si hautes font cependant diminuer le rendement du corps et sous une si grande chaleur je me rendis compte qu'une différence de seulement 5°c peut avoir un fort impact sur la performance.

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J'arrivai ce lundi à Doradal qui était ma première destination. Doradal est le petit village où Pablo Escobar avait construit sa maison de campagne. Mon arrêt dans ce petit village est purement une coïncidence due à sa position géographique entre Medellín et Bogotá. Pablo Escobar a été un des hommes les plus riches au monde fin des années 80 et début des années 90. Il avait tellement d'argent qu'il s'est fait construire autour de sa villa un zoo avec des pistes d'atterrissage d'hélicoptère pour pouvoir arriver chez lui par les aires. Pour son zoo il a fait importer des animaux d'Afrique. Doradal est aujourd'hui assez fréquenté pour deux raisons. Une des raisons est que la figure de Pablo Escobar est devenue un symbol commercial sur lequel s'est développé le tourisme et le commerce. Sa villa à Doradal nommée "hacienda Napoli" peut être visitée comme un musée et de nombreuses chemises sont vendues portant sa figure. Une autre des raisons pour laquelle Doradal est très fréquenté est due au "lavage d'argent". Les narcotrafiquants ont toujours eut besoin de "faux moyens légaux " pour justifier leurs richesses construite de manière illégales. Pour cela ils se mettaient alors à investir dans la construction de routes, d'infrastructures, dans des restaurants, des salles de sport, l'agriculture... Ils justifiaient alors leurs gains personnelles par ces différents investissements. À Doradal, certains supposent que beaucoup d'argent "a été lavé" ce qui a créé des restaurants, des hôtels, etc. Ces différentes conditions ont fait de ce village un lieu de passage où pas mal d'individus s'y arrêtent volontairement.

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Le lendemain m'a attendu "la route du soleil". C'est une distance d'une centaine de km de plat sous une chaleur intense où aucun lieu de vente n'est présent. Cette route est vraiment originale pour un pays où l'on peut trouver des lieux de vente de manière extrêmement récurrente. En tant que cycliste, il faut aborder ce passage avec une grande quantité d'eau. J'ai partagé lors de ce passage une de mes bouteilles avec des migrantes vénézuéliennes ce qui m’a coûté une soif pendant pas mal de km. C’était une soif bien justifiée. En arrivant à Guaduas, j'ai alors pu manger et boire à volonté. Chose particulière dans cette localité où il fait si chaud, une soupe chaude est offerte pendant les repas. Après Guaduas, une montée d'une dizaine de km m'attendi jusqu'à La Villeta où je passai la nuit. Dans cette montée, je fis face au plus grand risque jusqu'à alors encouru. En Colombie, j'ai croisé beaucoup de chiens et tous étaient inoffensifs. Ces trois derniers qui me coururent après ont été l'exception de cette "amabilité de chien". Alors que j'étais déjà essoufflé, trois chiens se sont jetés sur moi en aboyant d'un aire dangereux à quelques cm de mes mollets. Pour m'en éloigné j'allai sur le file de gauche en roulant à contre sens quand un camion arriva en face. Devant moi un camion, à ma droite des chiens montrant leurs crocs. Je ne pu qu'essayer d'accélérer à nouveau en passant à nouveau dans la file de droite. Quitte à me faire mordre autant ne pas me faire écraser. Les chiens me poursuivirent encore sur une bonne centaine de mètres avant de me laisser tranquille.

Pour mon dernier jour de voyage à vélo le lendemain, m’attendis la montée finale d'une quarantaine de km nommée "alto d'El Vino" et qui est souvent emprunté par les cyclistes du tour de Colombie. Ce col est aussi emprunté par une grande quantité de cyclistes amateurs ce qui me permis de finir mon voyage avec de bonnes compagnies. À mon arrivée à Bogotá je respectai au mieux toutes les règles de transport en faisant très attention à la circulation. Rien ne devais m'empêcher de finaliser mon voyage. Cela aurait été un comble qu’il m’arrive malheur à quelques km de l’arrivée.

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